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The original was posted on /r/enculerlesvoitures by /u/BillhookBoy on 2024-11-04 08:32:00+00:00.


Extrait du petit livre Comment se défendre, d’Eugène Dubois, publié vers le tout début du XXe siècle:

Un autre danger, non moins fréquent, est celui de l’écrasement par un autobus, ou même par une simple auto dont le chauffeur, à l’abri des responsabilités pécuniaires dont le couvre une assurance, n’hésite pas à vous précipiter le radiateur ou le garde-boue de sa voiture dans les reins ou les flancs.

Leur truc est très simple. Spéculant sur la terreur qu’ils inspirent, terreur qui donne des ailes aux vieillards pour traverser la place de l’Opéra, par exemple, dès que l’un de ces spirituels watmen voit une personne en danger d’être écrasée par sa voiture, il s’assure par le regard angoissé de sa victime désignée, qu’elle a vu ce qui l’attend, alors, il affecte de regarder autre part et continue sa marche en avant.

C’est très ingénieusement observé, car le candidat à l’écrasement voyant ou croyant que le brave chauffeur ne le voit pas, fait un effort désespéré et d’un bond échappe au choc, trop heureux s’il n’est que déchiré par le garde-boue.

C’est alors que le spirituel chauffeur le regarde avec ironie ou l’abreuve d’injures. Cela est classique.

Quelquefois le chauffeur surpris ne voit personne à insulter pour cette simple raison que le candidat à l’écrasement est sous l’avant de sa voiture.

Il y a deux façons d’enrayer ce genre de plaisanterie :

Quand vous traversez une voie et qu’un de ces sinistres farceurs regarde autre part, vous l’interpellez :

— Et l’homme, là, attention hein?

Le chauffeur ne peut résister, il regarde et n’ose vous écraser.

Je ne traverse jamais autrement la place de l’Opéra, ce qui m’a valu des regards de haine et des insultes dont on n’a pas idée. Tout de même je traverse.

La seconde manière d’échapper à l’écrasement consiste à monter tout simplement sur le marchepied d’une auto, dès que l’on se trouve cerné par un amas de voitures. Courir pour échapper, c’est s’exposer à se jeter dans une autre.

Dès qu’on se trouve serré entre deux véhicules, il est évident que les chauffeurs, presque tous affligés du défaut visuel dont je parlais tout à l’heure, n’arrêtent pas, certains même obliquent un peu, pour ne pas vous rater.

On déjoue cette délicate attention, en sautant sur le marchepied de leur voiture. On est rarement félicité, mais il faut rendre cette justice à la préfecture de police, que lorsque l’un de ces individus leur est signalé pour excès de grossièreté, elle leur fait payer ce court instant de satisfaction.

Les voitures et les chauffards nous pourrissent la vie et la ville depuis bien trop longtemps.