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The original was posted on /r/france by /u/Yun548 on 2024-09-28 08:04:42+00:00.


Il y a quelques jours un post sur le caractère homophobe ou non d’une insulte courante a suscité de vifs débats. Beaucoup de commentaires étaient assez informés mais il m’a semblé nécessaire de venir ajouter un point de vue de concerné à la discussion.

Je suis un mec homo de 32 ans, j’ai vécu en province, jusqu’à la fin de mes études supérieures et vis aujourd’hui à Paris.

Je suis rentré au collège avec un an d’avance, et je ne suis pas une personne très sociable : je suis très introverti et j’ai toujours eu des centres d’intérêts de nerd, déjà au moment de rentrer au collège je m’intéressais principalement à deux choses : les jeux vidéos et Warhammer.

Dès la rentrée, il m’a été assez difficile de me rapprocher des gens comme les autres. J’étais dans un collège de banlieue pas particulièrement aisée, certaines personnes fumaient dès la sixième, j’avais assez peu d’intérêt à leurs sujets, même si j’avais des relations cordiales avec les autres personnes de ma classe, je n’étais ami avec personne en particulier. Je ne sais plus trop comment mais je me suis fait un ami d’une autre classe, avec qui je passais tout le temps libre au collège et un peu en dehors.

Durant ma deuxième année de collège je suis allé à la piscine municipale avec cet ami pour passer une après midi, j’y allais énormément à l’époque, une à deux fois par semaine. La semaine suivante un type de ma classe a commencé à propager la rumeur qu’il nous avait vu nous embrasser à la piscine ce jour là. Même si aujourd’hui je suis attiré par les hommes, à cette époque n’était pas conscient de ma sexualité, et ce n’était pas du tout un sujet pour moi. Je n’étais pas attiré par mon ami et je ne l’avais certainement pas embrassé.

Et cette rumeur ça a été le début de mon calvaire, j’ai commencé à me faire isoler, insulter, bousculer. Des inconnus venaient me voir et me demander si c’était vrai que j’étais un pédé. Des gens avec qui je discutais régulièrement refusaient maintenant de dire bonjour à la tapette. On crevait les pneus de mon vélo. J’en ai parlé à l’administration du collège qui n’a rien fait pour me protéger. Je me suis fait taper devant tout le monde au milieu de la cour de récréation, et j’ai commencé à arrêter de venir au collège, je n’aimais déjà pas les cours mais la situation sociale était intenable. Je prétendais être malade, je m’infligeais des douleurs physique, je pensais et parlais de suicide.

Je ne me souviens plus des échanges exacts que j’ai pu avoir avec ma mère mais à la fin de cette année j’ai changé de collège. Après ce changement je me suis construit un cercle social dans ce nouveau collège, mais je vivais en permanence avec la peur que tout recommence, les pensées sombres ne m’ont jamais vraiment quittées et je n’ai pas réussi à me réintéresser à la partie apprentissage de l’école ce qui aura des impacts importants sur la suite de mes études.

Aujourd’hui j’ai réussi à me construire une vie dont je suis fier, et des mécanismes de défense solides mais l’homophobie garde une présence dans ma vie, dans Paris je suis occasionnellement victime d’homophobie. Cela ne me blesse plus mais m’attriste quand même de constater la petitesse des autres. Je pense que c’est un stade auquel beaucoup d’homosexuels arrivent à un moment de leur vie

Mais tout le monde ne dispose pas de ces outils ou parfois l’homophobie prend des formes physiques trop violente pour qu’ils soient suffisants.

Vous avez probablement entendu parler du suicide de Nicolas pour harcèlement homophobe, l’affaire a été très médiatisée par Gabriel Attal. Samedi dernier, Paul 17 ans s’est fait passer à tabac dans le Tarn. Quelles insultes pensez-vous qu’il a entendu lorsqu’il se faisait tabasser. Quelles sont les insultes qui ont conduit Nicolas au suicide ? Pour ma part je sais que j’ai beaucoup entendu enculé.

Ce n’est à mon avis à personne d’autre qu’aux victimes de ces insultes de décider de leur caractère homophobe. Enculé est de mon point de vue une insulte homophobe. Voir des gens discuter du fait que ca pourrait ne pas l’être ou l’être mais que ce serait une certaine façon tolérable car les racines profondément homophobes de l’insulte seraient trop profondes m’énerve.

Il existe mille et une manières d’insulter son prochain. Faire le choix d’une insulte qui pourrait être homophobe, raciste, sexiste ou autre c’est faire le choix d’être homophobe, raciste ou sexiste. Avoir l’habitude de faire ce choix n’en change en rien les conséquences.

J.